Entraineur des cadets du Montpellier Hérault Rugby (MHR) et d’Esprit Sud Seven
Si l’on a pas eu le temps de préparer son entrainement, comment s’en « sortir » ?
Question délicate. Il est difficile de s’en sortir si l’entraînement n’est pas préparé.
Cela provoque l’ennui de tout le groupe (staff et joueurs). Éventuellement reprendre la séance précédente en y apportant un point de vu différent ; par exemple refaire formuler la mise en place des exos par les joueurs…en faisant passer certains joueurs dans le rôle de l’entraîneur et en intervenant pour apporter les corrections ( cela permet d’identifier par ailleurs le leadership…)
Avez vous une « routine » que vous pratiquez à chaque entrainement ? Si, oui laquelle ?
Oui. Mes entraînements sont toujours minutés, ils rentrent dans un cadre. J’assimile cela à un repas : mise en bouche – entrée – plat – dessert.
Les joueurs connaissent cette structure MAIS ne connaissent jamais ce que j’y met dedans.
Ainsi sur mon activité il y a un thème principale et en transposant cela donne : Échauffement – collectifs réduits avec rotation de groupe – travail de ligne – collectif total.
Personnellement je ne sors pas de cette routine
Comment s’assurer de l’attention et de la concentration de son groupe ?
Les interventions doivent être très courtes mais très claires.
Cela va beaucoup être en relation avec son savoir « être ». Être un entraîneur « entraînant » ; Cela rejoints la question sur la préparation de l’entraînement…si l’entraînement n’est pas préparé, fatalement il y aura des « flottements » et le groupe risque de vous échapper.
Quelle est votre entrée dans l’entrainement préférée ? Celle qui plonge directement les joueur(se)s dans la séance ?
De mon point de vu, la meilleure entrée passe par le jeu.
Je ne perds jamais de vue que le joueur vient (par définition) pour jouer. Par conséquent, le début de entraînement ( échauffement) se fait avec ballon.
Échauffement collectif, en jeu dirigé (en fonction du thème) ou les droits et devoirs des défenseurs vont évoluer pour arriver progressivement sur la réalité et l’intensité du jeu.
Que mettre en place pour gérer des groupes de niveaux hétérogènes ?
Le travail par niveau : débutant, débrouillé, confirmé.
Par contre ces niveaux doivent être ouverts. Il ne faut surtout pas enfermer un joueur dans un groupe car il peut être (hypothèse) débrouillé dans un secteur et confirmé dans un autre suivant les thèmes travail.
Idéalement il faut tendre à n’avoir plus que deux groupes (débrouillé et confirmé) en fin de saison. Il faut aménager des espaces de jeu libre en auto gestion et auto régulation.
La priorité des enfants (et des joueurs en général) n’est pas la gagne mais le jeu. Démonstration : si vous avez une équipe très dominante sur une autre équipe (par exemple, ils ont mis 12 buts en 5 minutes…) naturellement le jeu s’arrête et naturellement l’ensemble du groupe se réunit et rééquilibre les équipes…donc la gagne à tous prix n’est pas l’objectif mais bien le jeu.
Donc, souvent le jeu libre vous permet de constituer (sans intervenir) des groupes équilibrés.
Comment gérer un « électron libre » dans un groupe ?
Tout dépend si cet électron est polluant ou non pour le travail du groupe. Dans le cas du « leader » négatif il peut être aussi un moyen de mettre en place son autorité vis à vis du groupe.
Quand il y a des électrons libres « polluants » il faut éventuellement augmenter le rythme de sa séance ( difficile de faire « la star » dans la fatigue).
Attention il est possible d’en tirer un bénéfice car derrière cet électron libre il est possible que l’on soit face à un leader potentiel, auquel cas on peut tenter de impliquer ou de le responsabiliser en marge de l’entraînement (en faire un associé).
Combien de fois le même exercice doit-il/peut-il être répété avec son groupe ?
La notion de répétition d’un exercice est une des notions importantes liées aux lois de l’exercice.
Répéter va permettre au cerveau de petit à petit affiner un geste technique voir de permettre de mieux se l’approprier.
De la même façon la répétition d’une situation va permettre au pratiquant d’expérimenter plusieurs solutions et, peut être, de dégager une ou plusieurs solutions…Maintenant du point de vue de l’entraîneur, il faut être en mesure de construire l’exercice pour que celui ci ne deviennent pas « lassant » pour le pratiquant (dégager ce que je veux voir tout en permettant la construction de l’expérience et la prise d’initiative individuelle).
Donc il faut répéter l’exercice (loi de l’exercice, apprentissage) tout en maintenant le plaisir pour le pratiquant (se voir progresser+développement cognitif)
Quel est le gage/défi que vous préférez donner à vos joueur(se)s ?
Cela dépend beaucoup du groupe et de la saison ; j’aime bien l’élection des joueurs par la visualisation à posteriori.
Ainsi sur un groupe qui perds beaucoup j’aurais tendance à faire élire le (ou les hommes) du match de sorte à ce qu’ils visualisent des images positives de leur match.
A l’opposé sur un groupe qui gagne beaucoup ( et qui aurait tendance à se « voir beau ») j’aurai tendance à faire l’inverse, c’est à dire par l’élection de la « boulette » du match.
Faites vous un débriefing d’entraînement? Si oui lequel ? Quel est le point essentiel à noter ? Si il n’y a qu’un point à noter à la fin de l’entrainement lequel est-il ?
Le débriefing est assez court en général.
J’évoque les points positifs et les points à améliorer (je ne parle jamais de points négatifs car il laisse un sentiment d’irréversibilité).
Cela touche rapidement à la séance, aux comportements et aux objectifs.
Quelle est la durée de votre causerie d’avant match ? Et de votre discours de mi-temps ? Quels y sont vos principaux ingrédients ?
La durée 5 à 6 minutes maxi mais cela dépend beaucoup de l’entente que l’on a avec notre co-entraineurs on a tendance à se partager les aspects stratégiques (pour l’un) et plus affectifs (pour l’autre). Mais personne n’empiète sur l’autre, pour éviter la cacophonie.
On partage aussi la mi temps (très courte) avec une routine établie : retour au calme, un (et un seul d’entre nous) intervient sur le match (vu avant), parole du capitaine, séparation des lignes (avant et ¾) pour réglage tactique, éventuellement changements (mais plus souvent après la mi-temps)
Quelle est la principale (première) action que vous mettez en oeuvre lorsque votre équipe est en train de perdre en match ? Et lorsqu’elle gagne ?
Sur la gestion du match je crois beaucoup au discours inclusif (tous le groupe, staff et joueurs).
Je reste beaucoup sur ce qui est commun : les aspects stratégiques et tactiques et peu sur les notions affectives (plus individuelles).
Après cela dépends beaucoup de l’amplitude de la défaite ou de la victoire.
Comment aider un joueur en difficulté sur un match, sur une saison ?
Il peut être intéressant ( mais ça vaut sur le groupe aussi) de dégager plusieurs objectifs en les dissociant.
L’objectif de court terme, de moyen terme, de long terme. Ainsi, ne pas hésiter à donner des exemples des meilleurs ; Tous les ans le champion du monde de formule 1 ne gagne pas toutes les courses !
Comme je leur dit souvent : l’expérience est le meilleur professeur : il est dur, des fois injuste mais il explique vachement bien !
Sur un match, la difficulté de l’entraîneur résidera à bien trouver la frontière pour sortir le joueur au bon moment (ne pas le laisser creuser sa tombe). Je pense qu’il ne faut pas hésiter à lui dire (ou lui faire dire) que ce n’est pas son jour, c’est comme ça, que l’on sait qu’il est capable de bien mieux (je connais tes qualités) et que même les meilleurs ont des « ratés », cela arrive.