David Degouy

Entraineur adjoint du Montpellier Handball

Si l’on n’a pas eu le temps de préparer son entrainement, comment s’en « sortir » ?

Aïe, pas simple, nous l’avons tous connu, et nous sommes tous trouvés un jour dépourvu.

 Le plus important est de connaître ce que vous voulez faire, votre objectif.

 Après ceci, plusieurs stratégies.

 1/ Avoir un cahier d’entraînements ou un classeur, dans votre sac, que vous avez eux le temps de pré établir en avance, en début de saison, ou le soir chez vous, dans vos temps libres.

Avec 4-5 exercices que vous avez créé ou imprimé, que vous aimez, que vous connaissez, classés par objectif.

Jeu d’échauffement, Echauffement GB, Attaque, Défense, Montée de Balle, Repli.

Vous pourrez l’enrichir au fur et à mesure.

Cela vous permettra de ne pas vous retrouver dépourvu. Sauf si vous l’oubliez. 😉

(Mettez un double dans votre coffre de voiture, il ne sera jamais oublié)

2/ Si vous avez oublié votre cahier dans votre coffre, pas de panique.

Faites confiance à vos joueurs pour vous offrir le temps de préparer votre cœur de séance.

Demandez-leur de vous proposer un jeu d’échauffement et de le mettre en place.

Vous aurez facilement gagné 20 minutes.

Pendant ce temps-là, vous avez tout loisir de préparer votre cœur de séance.

 Le manque de temps de préparation, soit parce que nous manquons de temps d’organisation, soit par excès de perfectionnisme, font parties de notre quotidien à tous. Cependant nous attendons que nos joueurs arrivent à l’heure, soient en tenue, avec leur bouteille d’eau et nous attendons d’eux qu’ils s’investissent dans l’entraînement pour progresser et un peu pour gagner aussi. 😉

Si nous voulons que le groupe fonctionne et progresse nous leur devons de préparer nos séances et de montrer l’exemple. Ils vous pardonneront toujours de ne pas avoir eu le temps de préparer une ou deux séances dans le trimestre ou dans l’année… mais si c’est votre quotidien, d’une part vous perdrez votre plaisir d’entraîner, puis petit à petit votre crédibilité vis-à-vis du groupe et le lien qui vous uni à eux. S’ils ne vous le reprochent pas, ils vous le feront sentir dans leur investissement.

Bon courage à tous !

Combien de fois le même exercice doit-il/peut-il être répété avec son groupe ?

Nous allons essayer de vous répondre en différenciant la répétition de l’exercice dans l’entraînement ou dans un nombre d’entraînements dans un cycle ou dans la saison. L’exercice tel que nous allons le présenter est soit un exercice, jeu d’échauffement, Echauffement GB ou situation dans la séance.

La première chose, est l’objectif de votre exercice. Il n’y pas de mauvais exercices, peut-être il y a-t-il de mauvais objectifs, ou des consignes approximatives, non pertinente, mal présenté ou mal comprise, qui ne nous permettent pas d’atteindre l’objectif souhaité. Ou tout simplement, l’exercice est-il mal choisi par rapport à l’objectif que je recherche ou le groupe que j’entraîne.

 Un bon exercice correspond de faite à un objectif que je me suis fixé, il est rapide à mettre en place, le nombre de joueurs, de ballon(s), la consigne d’espace, 3 consignes pour le déroulement ou les règles et JEU! !!

Pour comprendre, maitriser et pouvoir être créatif dans un exercice, il faut pouvoir l’explorer, y compris pour nous en tant qu’entraîneur, il est donc nécessaire de pouvoir le faire plusieurs fois dans un cycle de plusieurs séances.

Dans ce cycle à vous, en fonction des résultats attendus, soit de remettre en place le même exercice avec les mêmes consignes pour approfondir et renforcer l’objectif recherché. Soit petit à petit amener des variantes qui peuvent se présenter, soit par la créativité de vos joueurs avec leur adaptation à la règle. Soit en complexifiant l’exercice pour leur permettre de développer d’autres savoir-faire ou faire appel à leur résilience en les mettant artificiellement dans des situations difficiles à résoudre.

Pour faire simple, lors d’un nouvel exercice, insister sur la mise en place et les consignes de bases, ensuite laissez les joueurs explorer la situation assez longtemps pour comprendre les rotations, les règles, les espaces et se l’approprier.

Ensuite régulez en adaptant les consignes, les espaces, les contraintes temporels, des adversaires potentiels, etc… pour atteindre l’objectif souhaité, à une intensité maximale, en étant capable de le répéter à plusieurs reprises.

Enfin, vous pouvez le proposer sur les séances suivantes avec les mêmes consignes ou des évolutions. Pour une 1ere fois, passer au moins 15 minutes sur un nouvel exercice semble un minimum. 30 minutes semblent un maximum, bien entendu cela dépend des évolutions que vous souhaitez y apporter. Des exercices de rupture de 5 à 10 minutes, pour redynamiser nos entraînements ont aussi du sens, en étant intercalé entre les situations études.

La question de la répétition se pose sur l’aspect technique et tactique, physique et mental ou est-ce que celui-ci fait encore progresser mes joueurs ?

Au niveau technique ou tactique, l’exercice les met-il dans les meilleures dispositions pour progresser ou est-il trop facile, trop difficile ? dans ce cas puis-je le complexifier ou le simplifier ?

Au niveau physique, l’investissement, l’engagement, l’intensité de mes joueurs est-il suffisant pour progresser ? Quelles consignes vont me permettre de mettre plus d’intensité dans mon exercice ? ou est-ce que je suis au bout de ce que je peux faire ?

Sur l’aspect mental, le repère est simple, il y a-t-il lassitude sur l’exercice proposé ? vous regarder simplement le comportement de votre groupe quand vous annoncez l’exercice, soit ils peuvent exploser de joie, soit ils peuvent se retrouver les épaules et la tête basse.

Bien entendu il faut être capable de faire abstraction du “râleur” pour qui rien ne va.

Cependant nous devons toujours avoir à l’esprit que nous sommes un sport passion, ou la notion de plaisir de jouer, plaisir de se dépasser, plaisir de faire les choses ensemble, plaisir de réussir en équipe, plaisir de réussir à haute intensité… doivent être présents.

Quelle est la régulation que vous utilisez le plus car elle est très efficace ?

Ma régulation préférée vient de ma formation fédérale et de ma rencontre avec Jean-Luc Pagès, c’est celle de l’espace, elle conditionne à elle toute seule énormément de chose.

Les rapports de force entre attaquant et défenseur, si nous ouvrons ou fermons l’espace, ce qui nous permet de simplifier ou complexifier la situation. Ce qui permet aussi d’augmenter ou de baisser l’intensité.

L’espace influence aussi la perception des joueurs, en fonction de la position dans les espaces, ainsi que les angles de courses possibles. Un espace bien positionné va ouvrir des opportunités de jeu et développer des compétences, ainsi que la compréhension du jeu. le contraire est aussi exact, et là c’est toute la logique du handball qui peu s’effondrer. Un classique, les arrières ne pourront pas courir dans un espace extérieur, sur un exercice à 3c3 centrale si celui-ci est totalement fermé… ( Dessins ci-dessous)

La position et l’orientation des plots, balises, mousses sont très très important pour permettre la réussite d’un exercice.

Dans cette situation de 3c3, utilisée comme exercice d’attaque, nous ne respectons pas les fondamentaux d’écartement, le placement des arrières d’attaque se situe dans le terrain de basket, l’orientation des courses se trouvera faussée. Impossible d’attaquer l’espace extérieur. Avec ce positionnement des plots la situation est facilitante pour la défense, peu d’espace, forte densité défensive.

Dans cette situation le placement des plots plus extérieur, permet d’ouvrir les espaces et les intervalles extérieurs entre le défenseur 1 et 2. le positionnement de 2 passeurs fixe en position d’ailier, permettra aux arrières de jouer en appuis et d’explorer l’espace exterieur.

la fixation et l’exploitation de l’espace extérieur sont des fondamentaux du jeu d’attaque et doivent être mis en valeur dans les situations d’entraînement.

Dans cette situation la régulation d’espace est facilitante pour l’attaque, puisqu’il y a plus d’espace ouvert pour les attaquants que sur la situation initiale.

Dans situation la position du plot central ferme l’espace centrale et ne permet pas au demi-centre d’exploiter efficacement le jeu autour du pivot. De plus le demi ne peut jouer que du coté gauche et aura donc tendance à se rapprocher de son arrière gauche plutôt que d’ouvrir l’espace. il n’y aucun intérêt puisque pas de possibilité de tir.

La situation est donc facilitante pour la défense du faite d’un espace faible à couvrir avec une forte densité défensive.

Dans cette dernière situation, le placement du plot en poste n°2 permet au demi-centre droitier de pouvoir jouer coté bras, exploiter le jeu autour du pivot, ou tout simplement ouvrir l’espace. le positionnement d’un passeur fixe en ARR D favorise l’écartement et l’intention de jeu en ouverture d’espace et autour du pivot.

Cette régulation de l’espace par rapport à la situation initiale est facilitante pour l’attaque.

le positionnement du passeur en appuis est fondamental pour permettre au DC de se lancer sur sa passe en percevant le but, le gardien et ses adversaires. Si le passeur était en soutien, il perdrait tout repère sur le but.

Un espace bien limité et bien régulé pour faire évoluer la situation est 80% de la réussite d’un exercice.

David Degouy

Quel est le gage/défi que vous préférez donner à vos joueur(se)s ?

J’ai longtemps été gage, mais aujourd’hui je suis plutôt défi, nous sommes là pour relever des défis, aller de l’avant, atteindre des objectifs ensemble.

Le gage doit créer un enjeu, une pression supplémentaire. Pour ma part, nous devons axer nos objectifs sur la manière de réussir, plutôt que sur la manière d’échouer et la peur de louper mon tir, avec le classique, si tu loupes c’est 10 pompes. c’est plus destructeur qu’autres choses. le défi favorise la prise de risque, l’initiative, l’audace!

Les défis que j’utilisent sont beaucoup avec le temps, défi chrono, limite de temps. avec un score, je suis en avance ou en retard. la gestion des espaces, plus ma réussite est grande plus je réduis les espaces.

Ca peut aller du défi avec soi-même, battre un record personnel, au défi avec un adversaire en tête à tête (Tireur/GB : le tireur marque combien de buts sur 10 tirs, le Gardien fait combien d’arrêts), au défi d’équipe, avec score et temps limite et si cela ne suffit pas, les équipes se fixent un gage avant le début du match pour rajouter du piquant, si il y a une entente pour ne pas se mettre un gage trop fort entre les équipes, on peut piquer un peu leur orgueil pour avoir un gage à la hauteur des enjeux…

Le défi, doit nous permettre comme pour un match, d’avoir des règles à suivre, un temps limité et nous avons indirectement pour objectif de mettre en place la meilleure stratégie pour gagner.

Tout ce qui nous permettra de manière individuel ou collective de nous rapprocher de cette intensité physique et émotionnelle, offrira un transfert technique, tactique plus important en match.

Je vous conseille d’utiliser l’évaluation finale du défi, comme outil d’échange, d’analyse et de progression.

Pour cela il faudra plus l’orienter sur la manière, que sur le résultat. De plus, “comment nous avons perdu ?”, tout le monde l’analyse. Ne serait-il pas intéressant lors de ses défis et en match d’analyser comment “nous avons gagné” ?